Propos

Française d’origine Géorgienne, je suis née en 1964 à Paris.
Sans doute est-ce la mort prématurée de mon père qui est à  l’origine de mon cheminement vers la sculpture ; ce moment où s’est exacerbée peu à peu ma sensibilité et mon empathie pour l’Etre, où j’ai  nourri ce fantasme d’amour universel.
Pour moi alors, les sculptures étaient des Etres immortalisés qui  s’animaient à l’insu de tous. J’aimais avoir les mains dans la  terre, la toucher, la modeler…
Mais, c’est bien plus tard, à l’âge adulte que je me suis autorisée  à entrer dans un cours de modelage. Dès lors je n’ai cessé de  sculpter;  j’ai été formée dans différents ateliers, dont ceux de  Sabine André et Arlette Ginioux à l’ENSAD (école Normale supérieure  des Arts Décoratifs).
Mais ma véritable rencontre avec la sculpture est liée à la taille  directe lorsque j’ai intégré durant quatre années l’atelier de Sylvie  Lejeune aux Beaux Arts de la Ville de Paris. J’en retiens : la rigueur, la concentration et un infini bonheur.
La taille directe est dirait-on, un art solitaire, aride et brutal.

Il est surtout générateur d’une forte émotion. Le chemin est long, c’est un voyage durant lequel se crée un lien intense avec la pierre  ou le bois.

La taille : geste ultime qui donne naissance à la  sculpture ; de celles qui  s’éloignent des ateliers de modèle vivants qui se réfléchit et s écrit, dont on ressent les vibrations : une sculpture sensuelle et musicale profondément ancrée dans l’âme.

Je porte certainement l’histoire familiale : l’exil face à la révolution Russe et n’en aime que davantage la force, la résistance et l’humilité des figures opprimées. Je suis bouleversée par la vulnérabilité et l’infime sensation de frontière entre la lutte et l’abandon qui n’est cependant jamais un renoncement.

J‘ai toujours été émue par la Grâce des danseurs aux ailes invisibles  (je rêvais de devenir un petit rat de l’Opéra), et, je reste  fascinée par le torse, il est pour moi une terre de feu et de sang, une croisée des mondes propre à l’errance de la pensée, il est la réalité brutale et poétique de l’homme, la puissance d’une cage qui respire, un corps combatif qui résiste et s’abandonne. La sensualité, la douceur, la vulnérabilité et le sacré représentent pour moi une essence. C’est ce que je recherche dans ma sculpture qu’elle soit suppliciée, continent ou pietà.

Hélène  Modébadzé

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